Entretien d’embauche et discrimination

Entretien d'embauche et discrimination

À la recherche d’un poste, tu as décroché un entretien d’embauche. Tu y vas confiant.e en espérant décrocher le job. Tout se passe bien, jusqu’à ce que le.la recruteur.se te pose une question d’ordre privé, complètement inappropriée. Quelles questions n’ont pas lieu d’être lors d’un entretien ? Pourquoi ces questions sont-elles tout de même posées ? Que prévoit la loi à ce sujet ? Comment réagir ? C’est ce que nous allons voir ci-dessous.

Quelles sont les questions que le recruteur n’est pas en droit de te poser ?

Le.la recruteu.se est uniquement en son droit lorsqu’iel te pose des questions en rapport avec le poste à pourvoir : tes compétences ainsi que tes connaissances. Les questions sur ton sexe, ton identité de genre, ton orientation sexuelle, ta situation familiale sont totalement interdites car cela pourrait influencer sur sa prise de décision finale reposant sur des aspects non liés au poste. Ce qui en revient à de la discrimination. 

Tu trouveras tous les points que le.la recruteur.se n’a pas le droit d’invoquer lors d’un entretien dans l’article L.1132-1 du Code du Travail.

Salarié, tout candidat à un emploi, un stage ou une période de formation en entreprise est protégé par la loi contre les discriminations à l’embauche et au travail. Le Code du Travail (art. L.1132-1) interdit toute distinction entre salariés fondée notamment sur :

 Le Code du Travail (art. L.1132-1) interdit toute distinction entre salariés fondée notamment sur :

  • l’origine ;
  • le sexe ;
  • les mœurs ;
  • l’orientation sexuelle ;
  • l’identité de genre;
  • l’âge ;
  • la situation de famille ;
  • l’état de grossesse ;
  • les caractéristiques génétiques ;
  • l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race ;
  • les opinions politiques ;
  • les activités syndicales ou mutualistes ;
  • les convictions religieuses ;
  • l’apparence physique ;
  • le nom de famille ;
  • le lieu de résidence ;
  • l’état de santé ;
  • le handicap;
  • la particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique, apparente ou connue de son auteur.
  • la perte d’autonomie
  • la capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français
  • la domiciliation bancaire

Dès lors, aucun de ces motifs ne peut être retenu pour écarter une personne d’une procédure de recrutement (ou de l’accès à un stage ou à une formation) mais également pour sanctionner, licencier ou décider d’une mesure discriminatoire contre un salarié.

Pourquoi ces questions sont-elles posées ?

Dans beaucoup de cas le.la recruteur.se ne fait pas cela dans le but de discriminer. Un entretien d’embauche est avant tout un échange. Outre tes compétences, c’est aussi un moyen d’en apprendre davantage sur toi, sur ce qui t’anime, qui tu es. Ce qui peut très vite générer une question maladroite. On pourrait comparer cela à une conversation lors d’une banale rencontre « tu as des enfants ? » « bel accent, tu es de quelle origine ? ». Cela arrive surtout lorsque le.la recruteur.se n’a pas préparé son entretien. 

Malheureusement, d’autres recruteurs.ses se permettent de poser ces questions sous couvert de la bienveillance afin de savoir dans quelle catégorie mettre le.la candidat.e.

La question sur l’origine peut être une façon pour le.la recruteur.se de t’écarter du processus de recrutement en fonction de stéréotypes encore malheureusement trop ancrées dans notre société. Par exemple « les noirs sont lents » « les arabes sont des voleurs/arnaqueurs », ce qui est bien évidemment totalement absurde.

Une autre question est régulièrement posée : êtes vous célibataire ? Cette question est souvent posée dans le but de savoir si tu es flexible ou non. D’après certains recruteurs.ses le fait d’être célibataire renvoie l’image d’une personne plus disponible pour faire des heures supplémentaires ou effectuer  éventuellement des  déplacements. Comme si être célibataire te rendait totalement disponible pour le travail et que tu n’as donc aucun impératif dans ta vie perso.

Et le meilleur pour la fin (ou surtout le pire), une question encore TROP souvent posée aux femmes : avez-vous des enfants ou prévoyez-vous d’en avoir ? Derrière cette question se cache souvent une peur des absences répétées, des arrêts maladie pour garder l’enfant malade, du congé maternité/parental d’éducation. La femme est encore à ce jour considérée comme l’unique parent s’occupant des enfants dans le foyer, il/elle en déduira donc que ce soit elle qui s’absentera en cas de problème/maladie de son enfant.

Que faire en cas de discrimination à l’embauche ?

Être confronté.e lors d’un entretien d’embauche à des questions discriminantes peut être déstabilisant.

La décision à prendre dans ce cas là appartient à toi seul.e. Elle dépend bien entendu de tes envies et aspirations, mais aussi de ta situation personnelle et des tes éventuelles contraintes.

C’est pourquoi nous trouvons inutile de te donner des solutions toutes faites. À la place, il nous a semblé plus sage de te concocter une petite liste de questions à te poser à toi-même. 

  1. Ai-je un besoin urgent de trouver du travail ?
  2. Que va m’apporter le poste ou l’entreprise ?
  3. La question posée a-t-elle un rapport avec ma situation actuelle ?
  4. Ai-je envie d’entamer un dialogue sur le sujet avec le recruteur…
  5. où plutôt des démarches juridiques ?

N’hésites pas à poser tes réponses par écrit, à faire des listes en tous genres. Si cela t’es possible, en discuter avec une personne en qui tu as confiance est utile. Cela aide à faire le tri et peut permettre d’entrevoir d’autres solutions ou même de voir les choses d’une autre façon.

On espère que ces quelques questions te permettront de décider comment réagir face à ta situation de discrimination à l’embauche. Une dernière suggestion avant de partir : pourquoi ne pas te poser les deux premières questions avant ton entretien d’embauche ?

Alice Grenon et Emmanuelle K.
Alice Grenon et Emmanuelle K.

Alice écrit depuis toujours et travaille dans la rédaction de contenus depuis 2013. Pour DBSP, elle conseille l'équipe de rédaction - et écrit, parfois -.

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