Savoir réagir avec la méthode des 5 D

savoir réagir avec la méthode des 5d

Elaborée par le collectif Hollaback!, la méthode des 5 D est une alternative efficace pour lutter contre le harcèlement de rue en tant que victime ou en tant que témoin.

Les 5 D sont 5 mots débutants par la lettre D : Distraire, Documenter, Diriger, Déléguer et Dialoguer. Dans la suite de cet article, je vais vous expliquer comment en faire bon usage afin de vous débarrasser d’un harceleur et de vous protéger, ou afin de réagir en tant que témoin et venir en aide à une victime.

Avant toute chose, je tiens à vous rappeler que l’essentiel est de faire confiance à votre instinct. Ecoutez-vous et écoutez les informations que vous envoie votre corps. C’est OK de rebrousser chemin, de changer de trottoir, de faire un détour si cela peut vous permettre de vous sentir mieux et de ne pas vous mettre en danger.

La méthode des 5D s’applique – selon mes échanges avec Hollaback! – uniquement au harcèlement de rue. Lorsqu’il est question d’agression sexuelle, certains « D » peuvent être plus difficiles à mettre en place. Nous verrons cela dans un prochain article.

Avant de réagir, pensez toujours à votre sécurité et évitez de vous mettre en danger. Si le harceleur est agressif, demandez l’aide d’une autre personne autour de vous. Prenez bien le temps d’analyser la situation pour pouvoir réagir au mieux.

Distraire

Voilà une façon subtile de détourner l’attention du harceleur ou d’entrer en contact avec la victime. L’idée est de vous adresser à l’un d’eux en occultant totalement ce qui est en train de se passer. Voici quelques exemples :

  • Adressez-vous au harceleur « Bonjour, je cherche la ligne B, savez-vous dans quelle direction je dois aller ? »
  • Faites semblant que vous connaissez la victime : « Héééé, mais tu es là Sophie (inventez un prénom) ! Dépêche toi on est super en retard ! »
  • Vous pouvez également continuer ce que vous êtes en train de faire mais passer au milieu des deux individus et vous mettre complètement entre eux (attention, ne vous mettez pas en danger, analysez la situation)
  • Faites semblant de trébucher, de renverser votre café à proximité, de tousser très fort (en temps de Covid ça calme)

Documenter

C’est le D avec lequel je suis le moins à l’aise mais qui, s’il est bien utilisé, peut être une preuve solide si la victime souhaite porter plainte. Quand je dis que ce D me dérange, c’est parce que je pense qu’il est préférable de réagir et d’aider la victime que de se cacher derrière son smartphone pour filmer / photographier ce qui est en train de se passer. Par ailleurs, filmer la scène peut se retourner contre vous si le harceleur vous voit. Il est indispensable d’être à une distance de sécurité suffisante pour vous protéger.

Toutefois, si vous êtes plusieurs personnes témoins d’une situation de harcèlement, l’un.e de vous peut filmer la scène, tandis que les autres peuvent réagir en utilisant un des autres D. Ainsi, la victime pourra être secourue et une preuve vidéo pourra lui être remise si elle en a besoin.

Si vous êtes victime de harcèlement, vous pouvez tenter de filmer la scène, mais n’oubliez pas de rester en sécurité. Par exemple, si vous êtes dans le métro / le bus / le tramway et qu’un homme se masturbe face à vous en vous regardant, vous pouvez filmer la scène et prétendre que vous envoyez un sms. Ainsi, vous pourrez porter plainte pour exhibition par la suite.

Ce qu’il faut retenir quand vous filmez / photographiez une situation de harcèlement :

  • gardez une distance de sécurité
  • filmez des éléments de la rue pour pouvoir identifier le lieu où a eu lieu le harcèlement
  • donnez oralement la date et l’heure
  • essayez de filmer le visage / la tenue du harceleur
  • Attention, ne postez jamais la vidéo sur les réseaux sociaux. Seule la victime peut en disposer.

Diriger

Avant d’utiliser ce D, analysez bien la situation et assurez-vous que vous êtes suffisamment en sécurité. Encore une fois, l’idée est de stopper le harcèlement et non pas de multiplier le nombre de victimes. Faites confiance à votre instinct.

Si on s’adresse à l’agresseur, vous pouvez nommer ce qui est en train de se passer. Aussi, il est nécessaire d’avoir un ton affirmé, confiant et non ouvert à la négociation ou à la discussion, par exemple :

« Arrêtez immédiatement d’importuner cette personne. »
« Ce que vous faites est irrespectueux, laissez-la.le tranquille ! »
« Allez vous-en ! »
« Ce que vous faites / dites est raciste / homophobe ! »

Si vous êtes plus à l’aise avec l’idée de vous adresser à la victime, voici comment réagir afin de tenter de stopper le harcèlement :

« Est-ce que ça va ? »
« Avez-vous besoin d’aide ? »
« Voulez-vous que je vous aide à sortir d’ici ? »

Déléguer

Très souvent, quand il y a une situation de harcèlement ou d’agression dans l’espace public, les gens autour appliquent « l’effet spectateur » qui consiste à ne pas réagir, faire comme s’ils ne voyaient rien. Or… nous savons tous.tes que ce n’est pas la bonne solution.

L’idéal, si vous êtes victime de harcèlement et que personne ne réagit, serait d’interpeller une personne proche de vous pour qu’elle vous vienne en aide :

  • « Hé vous, monsieur avec le pull rouge, pouvez-vous échanger de place avec moi s’il-vous-plait ? »
  • « Madame avec le sac orange, pouvez-vous m’aider à sortir de la rame s’il-vous-plait ? »

Le mieux étant bien entendu de vous adresser directement à un.e agent.e de sécurité, un.e responsable de magasin, un.e chauffeur.e de bus, etc. Ainsi, vous pourrez obtenir de l’aide immédiate et faire appel aux forces de l’ordre si besoin.

Enfin, si vous êtes dans une situation où personne ne peut vous aider, appelez les forces de l’ordre au 17 ou au 112. Si vous êtes dans l’incapacité d’appeler, vous pouvez envoyer des sms au 114. Enfin, sur certains téléphones portables (iPhone par exemple) si vous appuyez 5 fois rapidement sur la touche de verrouillage (en haut à droite), le téléphone compose immédiatement le numéro des secours les plus proches.

Dialoguer

C’est un des D les plus importants et essentiels à la gestion du stress de la victime. Après l’incident, n’hésitez jamais à aller offrir votre aide à la victime.

Vous pouvez commencer par lui dire : J’ai vu ce qu’il s’est passé, je te crois, ce n’est pas de ta faute, ne culpabilise pas. Ça peut paraître évident pour vous, mais ces mots peuvent avoir un impact très fort sur la victime et l’aider dans sa reconstruction et sa confiance en elle.

Vous pouvez lui proposer de le.la raccompagner, de le.l’accompagner porter plainte, de parler de ce qui vient de se passer. N’hésitez pas à lui demander si il.elle a besoin d’aide.

Enfin, partagez lui les ressources qui pourront lui être utiles : appeler la police (17), le numéro d’urgence européen (112), le numéro des Violences faites aux Femmes (3919). Si vous avez filmé la scène, demandez lui si il.elle souhaite recevoir la vidéo ou s’il.elle souhaite que vous la supprimiez.

Le pouvoir est en vous

N’oubliez jamais que vous êtes toujours en mesure de faire quelque chose. Nous devons nous entraider pour stopper ce fléau. Vous pouvez sauver des vies à l’aide de cette méthode ou en écoutant votre instinct. Lire cet article montre que vous êtes prêt.e à changer les choses et à réagir si besoin. Bravo, soyez fier.e de vous !

Pour aller plus loin, je vous invite à vous inscrire à la formation gratuite Stand Up qui vous en apprendra davantage en une heure et demi.

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