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Agressions à la seringue : ce qu’il faut savoir
Piqûres et injections de substances
Quand on parle “d’agression à la seringue”, on parle d’une personne, un.e agresseur.euse donc, qui vient piquer, voire injecter une substance dans le corps d’une autre personne sans que cette dernière soit au courant. L’agresseur agit par surprise et donc sans consentement. En grande majorité, ce sont les personnes sexisées qui en sont victimes et les hommes qui sont les agresseurs. La répression de ces actes est aujourd’hui très floue et c’est pour cela que la prévention est indispensable.
Tout d’abord, rappelons qu’au même titre que le fait de verser des substances dans des verres, les injecter est aussi puni par la loi. L’article 222-30-2 du Code Pénal dipose que “le fait d’administrer à une personne, à son insu, une substance de nature à altérer son discernement où le contrôle de ses actes afin de commettre à son égard un viol ou une agression sexuelle” est puni de 5 ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.
Aujourd’hui, nous faisons face à des agresseurs qui n’injectent pas forcément des substances mais viennent aussi piquer leurs victimes. Acte tout aussi dangereux, car, bien que la conscience n’est pas altérée, c’est une façon de transmettre des maladies et/ou d’instaurer la peur.
Il faut savoir que ce phénomène n’est pas nouveau. En effet, comme le rappelle Marion Delpech cofondatrice d’Act Right, pendant les années 80, au début de l’épidémie de Sida, des actes semblables avaient eu lieu. Les “piqueurs” attaquaient leurs victimes avec des épingles à nourrices et autres compas.
Un phénomène qui prend de l’ampleur depuis le début de l’été
Le Ministère de l’Intérieur comptabilise plus de mille plaintes pour « suspicion d’injection de substances » entre début janvier et mi-juin. Le jour de la Fête de la Musique, mardi 21 juin dernier, le nombre d’agressions recensées a explosé dans beaucoup de régions en France.
Par conséquent, nombre d’organisateurices de festivals s’inquiètent de ce phénomène. Certain.e.s affirment renforcer les fouilles aux entrées ou instaurer des « stands prévention » contre les violences sexistes et sexuelles. D’autres évoquent aussi des systèmes de maraude complétés par l’aide d’applications mobiles qui permettent de signaler les harceleurs et agresseurs.
DBSP propose depuis quelques mois des stands de sensibilisation et de prévention dans la vie nocturne et festivalière.
Le pôle prévention de l’association Dis Bonjour Sale Pute
Malgré une certaine libération de la parole sur ce sujet (appels à témoignages, articles de journaux, etc), le phénomène de soumission chimique volontaire se poursuit, notamment avec la réouverture des bars et boîtes de nuit. Les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux. Cependant les actions mises en place, tant par les établissements concernés que par les forces de l’ordre ne semblent pas être à la hauteur de la gravité des faits. Les conséquences sur les victimes sont pourtant nombreuses, tant sur le plan physique que psychologique.
Les actions de notre pôle prévention
Dans le cadre de son action globale contre les violences sexistes et sexuelles, l’association DBSP a créé un pôle de prévention dédié au milieu festif et nocturne qui intervient lors de festivals ou de soirées. L’équipe de prévention, formée par l’association, est présente d’une part pour sensibiliser le public aux violences sexistes et sexuelles par le biais d’outils ludiques, mais également d’être présente sur place et de vérifier que tout se passe bien. En cas de problème, les bénévoles sont à même d’intervenir, en étroite collaboration avec la sécurité du lieu, et peuvent accompagner les éventuelles victimes. Un lieu dédié est organisé (safe zone), afin d’accueillir d’éventuelles victimes et de les mettre en sécurité. L’association se charge également de former et sensibiliser le staff de l’établissement ou du festival sur demande.
Pour certains établissements, il s’agit d’une réponse directe aux agresseurs. Travailler en collaboration avec une association comme DBSP leur permet de réagir et de prévenir d’autres incidents potentiels. Outre la formation et la sensibilisation de l’équipe de l’établissement, DBSP propose également de fournir des affiches, flyers, stickers, à messages forts, harcèlomètre et cocottes anti sexiste. Ces outils permettent de sensibiliser le public et de faire un rappel de la loi en ouvrant le dialogue.
Quelques conseils …
Tant que ces comportements malveillants n’auront pas disparu (et on milite pour que ce soit le cas), quelques conseils pour les éventuelles victimes :
- prévenir une personne de l’entourage, du staff, d’une association éventuellement présente sur place pour être pris.e en charge ;
- se faire dépister le plus rapidement possible à l’hôpital ;
- si possible, porter plainte ;
- l’association peut accompagner les victimes si besoin pour se faire dépister, porter plainte ;
Si cela devait malheureusement arriver : tu n’es pas seul.e, on te croit. Ce n’est pas de ta faute, seule la personne malveillante est responsable. Prends soin de toi.
… et pour toutes les personnes qui apprécient faire la fête et qui souhaitent le faire dans un environnement bienveillant :
- Veiller sur son entourage et ne pas hésiter à regarder autour de soi pour repérer une éventuelle situation problématique.
- Si besoin, ne pas hésiter à se tourner vers le staff, organisateur.rice.s de la soirée, membres d’une association éventuellement présent.e.s sur place pour avoir de l’aide : si possible alerter plutôt qu’agir.
Et après ?
Si les organisateur.rice.s et les associations luttent pour prévenir les potentielles victimes d’agressions à la seringue, iels ne peuvent pas y mettre fin et condamner les agresseurs sans aide.
Ainsi, une question persiste : que font réellement les forces de l’ordre et le gouvernement pour éradiquer ces agressions et condamner les agresseurs ?