Sensibilisation scolaire et table ronde à Thionville

Rencontres à Thionville : sensibilisations auprès de lycéen.ne.s et table ronde au Puzzle pour parler de féminisme.

SENSIBILISATION SCOLAIRE ET TABLE RONDE À THIONVILLE

Le vendredi 25 mars 2022, nous avons été sollicité.e.s par l’association « Des Mots et Débat » pour intervenir dans deux lycées de Thionville : Rosa Parks et Hélène Boucher. 

Nous avons ainsi rencontré près de 150 étudiant.e.s avec qui nous avons abordé la question du féminisme, du sexisme, du consentement, du harcèlement scolaire, du racisme, etc.

A la suite de cette journée, nous avons participé à la table ronde « Où vont les femmes ? » dans un lieu emblématique de la ville : le Puzzle. 

Nous remercions vivement toutes les personnes qui ont contribué à organiser ces rencontres et avons déjà hâte de revenir pour de prochains événements !

Crédit photo : Corentin Przybylski / Des Mots et Débat

Le rendez-vous de l’engagement à Epinal

Cet événement régional rassemble 200 jeunes de toute la région Grand Est dans le but d’échanger autour de sujets engagés tels que l’écologie, le sport ou encore le féminisme.

LE RENDEZ-VOUS DE L'ENGAGEMENT À ÉPINAL

Le 13 novembre 2021 s’est tenue la deuxième édition du Rendez-vous de l’engagement à Epinal (Vosges). Cet événement régional rassemble 200 jeunes de toute la région Grand Est dans le but d’échanger autour de sujets engagés tels que l’écologie, le sport ou encore le féminisme. 

Nous sommes intervenu.e.s à l’occasion d’une table ronde engagée aux côtés de Laura André-Boyet, instructrice d’astronautes à l’Agence Spatiale Européenne (ESA), Stéphane Brogniart, un ultra-trailer et conférencier français, originaire des Vosges et Camille Fraccaro, fondatrice des bocaux de Camille – Lauréate Entreprenariat des Jeunes et « Elles Osent en Grand Est ». 

La table ronde était ensuite suivi d’ateliers et d’échange avec les jeunes. Nous avons pu participer au Parcours Égalité Femmes Hommes (en partenariat avec le CIDFF et Zieut éditions).

Un grand merci à toute l’équipe du Grand Est pour leur accueil et les jeunes du programme des rendez-vous de l’engagement ! 

Retrouvez l’article du Grand Est

Sensibilisation au centre socio culturel de Saverne

Le 13 novembre 2021, notre association a été appelée pour un double projet au sein de la ville de Saverne (Alsace).

SENSIBILISATION AU CENTRE SOCIO CULTUREL DE SAVERNE

Le 13 novembre 2021, notre association a été appelée pour un double projet au sein de la ville de Saverne (Alsace).

Nous avons débuté la journée par un dialogue autour du harcèlement de rue et du sexisme ordinaire. Les adolescent.e.s ont ensuite soulevé la question du cyber harcèlement et des dick pic reçues à leur insu sur les réseaux sociaux. 

Suite à cette intervention, nous avons accompagné le groupe de jeunes sur le tournage d’un clip qu’iels préparaient déjà avant la pandémie de coronavirus. 

Nous avons ainsi pu les soutenir et participer au tournage à leurs côtés ! 

Suite à cette intervention, nous avons accompagné le groupe de jeunes sur le tournage d’un clip qu’iels préparaient déjà avant la pandémie de coronavirus pour dénoncer les violences faites aux femmes.  

Nous avons ainsi pu les soutenir et participer au tournage à leurs côtés.

Texte écrit et interprété par BLACKFLOOW (Mabangi YOKA), EVO, GLAUSAMA et BIZZI BOY

Mille mercis à Virginie Malhoa, directrice Jeunesse et Sport à la Ville de Saverne pour sa confiance et à toustes les adolescent.e.s qui ont monté ce projet ! Bravo !  

8 mars 2022 : histoire et carte des manifestations

8 mars 2022 : histoire et carte des manifestations

Depuis plus d’un siècle, la date du 8 mars est une journée internationale dédiée à la lutte pour les droits des femmes. Pourquoi cette date en particulier ?

Officialisée par les Nations Unies le 8 mars 1977, reconnue en France en 1982, cette journée prend sa source à la fin du XIXe et au début du XXe siècle en Europe et aux Etats-Unis dans le milieu de la lutte ouvrière et des mouvements socialistes. Les travailleuses sont doublement discriminées, par leur statut de femme et leur travail dans les usines. Elles sont bien moins payées que les hommes, leur salaire ne représentant qu’un appoint aux familles, leur quotidien est difficile et leurs droits ne sont pas respectés. Les grèves mixtes n’amènent pas de résultats, l’égalité des salaires n’apparaît pas dans les négociations, les femmes sont englouties dans la pseudo neutralité du masculin et leurs revendications sont oubliées. Les grèves de femmes seules apparaissent en réaction, mais les syndicats ne leur apportent pas véritablement leur soutien. Elles sont malgré tout insupportables pour les patrons, car elles ne correspondent pas à l’image de la femme qui est supposée être docile et obéissante.

Une première journée dédiée aux droits des femmes apparaît aux Etats Unis le 28 février 1909, lancée par le parti socialiste. Elle sera reprise dans les années qui suivent, le dernier dimanche de février.

En 1910, au cours de la 2e conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara Zetkin, journaliste et femme politique allemande, propose la création d’une « journée internationale des femmes » sans donner de date précise. En mars 1911 et pendant les années qui suivent, des milliers de femmes manifestent en Europe. Elles réclament le droit de vote, l’égalité avec les hommes et de meilleures conditions de travail. Le 8 mars 1914, les femmes socialistes s’organisent véritablement autour du 8 mars (voir affiche En avant avec le droit de vote aux femmes). Quelques années plus tard, le 8 mars 1917, les ouvrières de Pétrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) se révoltent et organisent une grève. Celle-ci est considérée comme l’un des événements ayant mené à la révolution russe. Dès 1921, Lénine, en référence à cette première journée révolutionnaire, décrète la « journée internationale des femmes », qui sera reprise dans les pays de l’Est sous domination soviétique après la Seconde Guerre mondiale.

En France, au cours des années 1970, cette journée est reprise par les mouvements féministes, notamment le Mouvement de libération des femmes (MLF) qui s’adresse au président François Mitterrand afin de choisir le 8 mars (adopté en 1982) comme journée de lutte officielle pour les droits de la femme.

Célébrée chaque année, la journée du 8 mars s’intègre dans un contexte plus général de lutte féministe et permet de porter haut et fort des revendications pour l’égalité des droits, des salaires et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, etc.

Le 8 mars et plus largement la lutte du mouvement féministe portent doucement ses fruits. Au cours du dernier quart de siècle, force est de constater que les avancées d’un point de vue juridique sont réelles : les femmes obtiennent le droit de vote avec l’ordonnance du 21 avril 1944, la loi de 1972 pose le principe de l’égalité de traitement pour des travaux de valeur égale, celle de 1975 autorise l’IVG et l’année 1992 voit une loi apparaître pour réprimer les violences conjugales et pénaliser le harcèlement sexuel. Au cours des années 2000, de nouvelles lois sont votées afin de garantir aux femmes plus de sécurité, d’égalité et de droits. Pourtant, les objectifs ne sont toujours pas atteints. Ainsi, selon les données de l’Observatoire des inégalités, les femmes touchent en moyenne 23% de moins de salaire que les hommes. Au cours de l’année 2021, 113 femmes sont mortes, tuées par leur conjoint ou ex-conjoint et en moyenne, entre 2011 et 2018, plus de 200 000 femmes âgées de 18 à 75 ans déclarent avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Ces exemples montrent bien qu’il reste encore du chemin à parcourir.

affiche de karl maria stadler pour la journee du 8 mars 1914

Karl Maria Stadler (1888 – nach 1943), Heraus mit dem Frauenwahl, Frauentag, 8 März 1914, ( Donnez-nous le droit de vote, journée des femmes, 8 mars 1914), 1914, affiche, Public domain, via Wikimedia Commons

Plusieurs villes, gouvernements, entreprises, médias et associations mettent en avant les droits des femmes et la lutte contre les inégalités et discriminations dont elles sont victimes. C’est le cas à Berlin, où le 8 mars est devenu férié en 2019, une décision inédite en Allemagne et en Europe de manière générale. Si l’origine de ce choix était un déséquilibre de jours fériés avec les autres Länder, il n’en est pas moins appréciable. Ce jour permet de célébrer “ce qui a été fait et ce qui reste à faire”. C’est aussi l’occasion de manifester, lutter, protester ; la journée du 8 mars est devenue institutionnelle, politique.

Mais cette appropriation montre que des progrès restent à faire, voire une utilisation pouvant desservir la cause. D’abord, si plusieurs personnages politiques s’en emparent – comme Emmanuel Macron le 8 mars 2020, en rappelant lors d’un discours qu’il faisait de l’égalité femme-homme la grande cause de son quinquennat – ce n’est pas toujours au bénéfice d’améliorations ou d’actions concrètes. Car les inégalités et les discriminations envers les femmes subsistent.

Par ailleurs, cette appropriation du 8 mars notamment par certaines entreprises n’est faite qu’à des fins commerciales. Après plusieurs polémiques, ces acteur.ices comprendront que les femmes ne veulent pas de réductions sur les cosmétiques ou les produits ménagers, et ne sont pas le prétexte d’une nouvelle vague de soldes. Comme le rappelle le Haut-Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), « le 8 mars n’est ni la Saint-Valentin, ni la fête des Mères ».

Au-delà du sexisme dont relèvent ces stratégies marketing du 8 mars, elles montrent aussi des inégalités supplémentaires, notamment économiques et sociales, dont sont victimes certaines femmes. En effet, nombre d’institutions mettent en avant des femmes qui ont marqué l’histoire ou la leur, qui ont aidé à la fondation de l’entreprise. Comme le rappelle Thomas Schauder, si ces initiatives partent d’une bonne intention, elles ne mettent en avant que certaines femmes, souvent issues de milieux favorisés et privilégiés, non-racisées. Il explique ainsi que lors de la journée du 8 mars, on ne proclame pas le droit des femmes, mais bien le mérite de certaines.

Ces inégalités transparaissent aussi dans le traitement médiatique qui est fait de cette journée. En effet, lors de cette journée, les femmes apparaissent en nombre et en majorité à la télévision, contrairement au reste de l’année. Comme le rappelle le CSA sur son site officiel, pour une présence de 41% des femmes, tous médias confondus, leur temps de parole n’est que de 36%. Encore une fois, le 8 mars est l’occasion de rappeler que les femmes n’ont pas la même place que les hommes.

Nous avons encore besoin du 8 mars car les droits des femmes ne sont toujours pas les mêmes que ceux des hommes. En revanche, ce n’est pas de la journée des femmes, ni du mérite de certaines qui en ont la chance, mais bien de la journée des droits des femmes, qui ne sont toujours pas les mêmes que ceux des hommes.

Informez vous

Agissez

    • Die-in de Nous toutes à Paris
    • Carte des mobilisations de la grève féministe du 8 mars :

Informations pratiques Strasbourg

  • Train pour l’égalité conduit par la Fondation des femmes ► en gare de Strasbourg, à quai – voie 1, samedi 5 mars de 9h30 à 12h et de 14h à 17h30
  • Marche solidaire pour donner de la voix à l’unisson en cette journée de lutte internationale pour les droits des femmes ► mardi 8 mars, départ à 18h, place de la Gare.
  • Animations familiales et festives pour célébrer les 10 ans de l’espace égalité de la médiathèque Olympe de Gouges ► samedi 12 mars, de 11h à 20h.

► Plus d’informations ici

8 mars : 3 féministes et 6 bouquins​

8 mars : 3 féministes et 6 bouquins

Portraits : 3 féministes qui ont marqué l’Histoire

Parcourons le temps et le monde pour découvrir ou redécouvrir trois femmes inspirantes au caractère bien trempé. Qu’elles aient contribué à la construction du mouvement féministe ou questionné la société sur la place réservée à la gent féminine, ces femmes aux parcours très différents nous interrogent sur les féministes d’aujourd’hui et de demain.

dessin représentant Christine de Pisan en train d'écrire

CHRISTINE DE PISAN (1364 – 1430)

Considérée comme la première écrivaine rédigeant en langue française à vivre de son talent littéraire, Christine de Pisan a bouleversé les normes médiévales avec ses œuvres et ses choix de vie audacieux.

Sa pierre à l’édifice : Son ouvrage La Cité des dames, paru en 1405 est l’un des premiers ouvrages féministes connus. Dans son récit, elle décrit une ville fortifiée fantasmée dont chaque pierre serait une femme douée de talents. Ce parti pris répond à une croyance de l’époque selon laquelle les connaissances et le savoir pervertissent les femmes. Ce texte audacieux permettra d’ouvrir le débat sur l’accès à l’éducation pour les filles et l’égalité des chances pour exercer un métier. Un combat qu’elle appliquera à sa vie personnelle. Après avoir été mariée à l’âge de 15 ans avec un notaire et secrétaire du roi Charles Quint, Christine de Pisan se retrouva 10 ans plus tard veuve avec 3 enfants à charge. 

La solution conventionnelle et attendue de l’époque aurait été de se remarier, mais ce ne fut pas sa décision. Elle décida de cumuler plusieurs emplois dans l’univers littéraire pour subvenir seule aux besoins de sa famille. Une révolution pour l’époque qui ouvrit la discussion sur la place de la femme dans la société médiévale. Un sujet qu’elle porta et défendit jusqu’à la cour française dans le cadre de son rôle de critique sociale et littéraire.

portrait photographique de Clara Zetkin

CLARA ZETKIN (1857 – 1933)

Si vous vous demandiez à qui nous devions la Journée internationale des droits des femmes, vous avez maintenant la réponse. Fondatrice du journal socialiste féministe Die Gleichheit (“L’Égalité”), Clara Zetkin est une figure emblématique de la lutte féministe du XXe siècle.

Sa pierre à l’édifice

Professeure en langues étrangères et militante du parti socialiste d’extrême gauche allemand, Clara Zetkin s’investit dans le mouvement féministe dès ses débuts.
Elle fondera en 1892 le journal socialiste féministe Die Gleichheit (“L’Egalité”) qui deviendra le journal officiel de l’Internationale socialiste des femmes. Cette organisation, impulsée par Clara à Stuttgart en 1907, a pour objectif de rassembler les différents partis féministes notamment lors de congrès avec plus de quinze pays différents représentés. C’est au congrès de Copenhague en 1910 que Clara Zetkin proposa d’organiser chaque année une Journée internationale des femmes qui se tiendra chaque 8 mars.

Tenue par ses convictions, Clara Zetkin ira jusqu’à faire de la prison pour défendre ses idées pacifiques en 1915. Elle revendiqua notamment la nécessité que les partenaires d’un couple doivent être égaux en droits, que les deux genres doivent prendre part de façon égale aux tâches ménagères ou encore que le divorce est un droit pour chacun·e.
En 1918, l’Allemagne ouvre le droit de vote aux femmes. Cela permettra à Clara Zetkin d’être élue députée et de mettre ses idées en œuvre. Elle se verra contrainte de quitter ses fonctions et l’Allemagne avec l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933.

portrait de meaza ashenafi, militante pour les droits des femmes

MEAZA ASHENAFI (1964 – )

Ancienne juge et désormais avocate, Meaza Ashenafi est une pionnière dans la lutte des droits des femmes en Ethiopie. Elle met son énergie dans son combat pour faire évoluer les lois, les mentalités afin de permettre l’émancipation des éthiopiennes.

Sa pierre à l’édifice : en 1995 Meaza Ashenafi créé l’association “Ethiopian Women Lawyers Association” (“L’association des femmes juristes éthiopiennes”), afin d’offrir une aide juridique aux femmes victimes de violences. L’association met également en place des programmes d’éducation publique et travaille sur des réformes légales afin de faire évoluer le cadre législatif éthiopien.

En 1996, Meaza Ashenafi défendit une jeune adolescente de 14 ans, Aberash Bekele, jugée pour le meurtre de l’homme qui l’a enlevée et violée dans le but de l’épouser. Les enlèvements de jeunes filles sont à cette époque une tradition éthiopienne dans le choix de sa future épouse. La jeune fille risquait 25 ans de prison.

Meaza Ashenafi plaida la légitime défense. En Ethiopie, aucune femme ne s’était vue accorder la légitime défense et ceux peux importe le type de délit. Cette prise de position risquée était un acte courageux et militant contre l’une des plus anciennes traditions éthiopiennes.

Meaza Ashenafi créa un précédent judiciaire qui aboutit en 2004 à l’interdiction de ces enlèvements dans le pays.

Cette histoire a été adaptée sur grand écran en 2015 avec Difret. Le nom du film signifie “courage” mais aussi “viol” en langue ahmarique. Primé aux festivals de Sundance, de Berlin et de Valenciennes, le film a été produit par Angelina Jolie.

Meaza Ashenafi continue ses combats contre les stéréotypes et violences auxquels les femmes sont confrontées dans la société éthiopienne. Elle a notamment contribué à la création de la première banque de femmes d’Ethiopie appelée “Enat” (“maman”) en 2011.

LES FÉMINISTES DE DEMAIN

D’après les sociologues, la génération Z est la première génération pour laquelle le féminisme fait partie de leur ADN. Une génération connectée, dont les convictions sont influencées par des youtubeuses telles que Natoo, des comptes Instagram comme DBSP, Mécréantes ou LanuitremueParis, ou encore des personnalités comme Emma Watson ou Malala Yousafzai auxquelles les jeunes femmes s’identifient. Un signe de plus que les lignes bougent et évoluent !

Cette quête pour l’égalité entre les genres n’a ni couleur, ni genre, ni orientation sexuelle, ni religion ou classe sociale. Nous pouvons parler d’une lutte intersectionnelle pour laquelle la solidarité sera la clé.

En effet, si une chose était à retenir du portrait de ces trois femmes inspirantes c’est que chacun·e d’entre nous avec son histoire, sa personnalité et ses compétences peut jouer un rôle dans la lutte pour les droits des femmes et l’égalité entre les genres.

Chaque pierre compte pour construire cet édifice idéal d’une société anti-patriarcale. Il n’y a pas d’actions trop petites, moins importantes ou de féminisme type. Par conséquent, aucun complexe à avoir pour s’engager avec ses moyens, ses envies et défendre ses convictions.

La question est donc : quelle pierre allez-vous poser?

Recommandations lectures

couverture du livre tout le monde peut être féministe de bell hooks

Tout le monde peut être féministe – bell hooks

bell hooks est une autrice américaine. Décédée en décembre 2021, elle laisse derrière elle une œuvre abondante sur le black feminism et le féminisme révolutionnaire. Tout le monde peut être féministe est un livre  très accessible, facile à lire, qui pose les bases du féminisme comme mouvement visant a mettre fin à l’exploitation et l’oppression sexiste.

Sororitésous la direction de Chloé Delaume, avec Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébécca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kyémis, Lola Lafon, Fatima Ouassak, Ovidie, Lydie Salvayre et Maboula Soumahoro.

Un recueil de textes de quatorze autrices à mettre dans chaque bibliothèque. Ce livre propose une révolution féministe à travers le prisme de la sororité et de la diversité. Des récits et des textes qui nous sont offerts par des femmes combatives aux vies et aux talents incroyables.

couverture de l'ouvrage collectif sororité dirigé par chloé delaume
couvertures des tomes et de la bande dessinée culotees par pénélope bagieu

Culottées (Tome 1 & 2) – Pénélope Bagieu

Certain.e.s d’entre vous en ont surement déjà entendu parler ou les ont même peut-être déjà lus. Cette BD déclinée en 2 tomes est l’une des meilleures façons de découvrir des portraits de femmes aux destinées incroyables. Des femmes fortes et profondément féministes sublimées à merveille par Pénélope Bagieu. 

 

Feu – Dirigé par Elsa Dorlin

Un abécédaire féministe dirigé par Elsa Dorlin dans lequel beaucoup de figures fortes du féminisme telles que Assa Traoré, Adèle Haenel, Fatima Ouassak ou encore Ovidie nous offrent leurs visions des “féminismes présents”. Les récits de ces expériences singulières ou collectives avec le féminisme peuvent résonner avec chacun.e d’entre nous.

couverture de l'abecedaire du feminisme feu coordone par elsa dorlin
couverture du livre bad feminist de roxane gay

Bad Feminist – Roxane Gay

Existe-t-il une “bonne manière” d’être féministe ? Sans vouloir vous spoiler, la réponse est non. C’est tout le sujet de cet essai de Roxane Gay qui expose certaines contradictions auxquelles nous pouvons faire face dans la pop culture ou dans notre vie quotidienne vis à vis de notre propre conception du féminisme.

Rage against the machisme – Mathilde Larrère

Intéressé.e par l’histoire des femmes ? Mathilde Larrère, historienne et spécialiste des révolutions du XIXème siècle, aborde ici deux siècles de luttes sociales et féministes, du droit de vote au syndicalisme, en passant par les droits reproductifs. La présence de slogans d’hier et d’aujourd’hui et les illustrations de Fred Sochard ajoutent au dynamisme de l’ouvrage, à mettre entre toutes les mains !

couverture du livre rage against the machisme de mathilde larrere

Sources :

St Valentin : sexisme, culture du viol, capitalisme, impact écologique

Saint Valentin : sexisme, culture du viol, capitalisme et impact écologique

Aujourd’hui, on est le 14 février, date mondialement connue pour être celle où on célèbre la Saint Valentin. Les roses rouges, les menus pour deux hors de prix, le capitalisme à son paroxysme… ça vous parle ?

Trois légendes bien ficelées…

Valentin, le prêtre qui voulu conserver les mariages 

Au 3ème siècle, l’Empereur Claude II (aka Claude Le Cruel) décida d’interdire les mariages sous prétexte qu’ils éloignaient les hommes de leur mission principale : être des soldats.

C’est alors que Valentin, un prêtre romain vivant à la même époque, décida de continuer à les célébrer, ce qui lui valut d’être condamné à mort. Pendant son séjour en prison, il aurait réussi à rendre la vue à la fille de son gardien et lui aurait envoyé un petit mot signé « ton Valentin ».

En 498, le pape décida de fixer la Saint Valentin le 14 février en hommage à trois Valentins.

Fête de la reproduction et de la création de nouveaux couples

On raconte aussi que la Saint Valentin aurait été imaginée pour remplacer une fête païenne romaine appelée « Les Lupercales » qui rendait hommage à Faunus Lupercus, dieu de la fécondité.

Le 14 février était considéré comme une journée spéciale pendant laquelle les hommes se déguisaient et couraient les rues à la recherche de femmes. S’ils arrivaient à en trouver, il fallait copuler (pas vraiment de notion de consentement et de harcèlement de rue à cette époque on dirait). Le 14 février serait donc une fête dédiée à la reproduction et la création de nouveaux couples.

Le Valentinage 

À priori, le 14 février serait, en Angleterre, le jour où les oiseaux se reproduisent le plus. Les poètes auraient saisi l’occasion pour inventer le mythe de la fête des amoureux.ses et des ami.e.s.

Au 16ème siècle, on aurait pris l’habitude de former des couples au hasard. La jeune fille était associée à un jeune homme et toute la journée iels devaient s’offrir des cadeaux et se faire des galanteries.

Au 19ème siècle, la fête prend un autre essor avec la création des « Valentins », des petits mots doux pour les amoureux.ses et les ami.e.s.

C’est finalement au 20ème siècle que la Saint Valentin devient une fête exclusivement réservée aux amoureux.ses et prend son aspect capitaliste avec les cartes de voeux envoyées le 14 février.

Une fête devenue sexiste

La construction du discours marketing fait en sorte d’imposer une dichotomie «pour elle/pour lui» afin d’essentialiser les cœurs de cible, et ainsi ritualiser l’acte d’achat binaire.

Comme toujours, on suggère aux femmes cisgenre d’adopter des attitudes genrées comme porter les couleurs connotées féminines et se parer de bijoux scintillants.

Les marques s’adressent principalement aux hommes cisgenres pour les inciter à faire des cadeaux à des femmes cisgenres.

L’inclusivité est loin d’être une priorité.

Un impact écologique et humain

Rappelons également que chaque année, dans le cadre de la Saint Valentin, l’Europe importe des centaines de millions de roses du Kenya, d’Amérique latine et d’Ethiopie. Environ 85% des fleurs vendues en France sont cultivées à l’étranger.

Et 1,2 millions de foyers achètent des fleurs ou des plantes à la Saint Valentin.

Ces fleurs sont produites à la chaîne et non pas par des horticulteurices passionné.es. Selon une enquête de Bastamag, les conditions de travail sont pénibles.

Lorsqu’un.e consommateurice en Europe achète une rose à 1,5 €, seulement 0,03 € arrivera dans la poche de celleux qui l’ont faite pousser, soit 2% du prix de vente final.

A cette faible rémunération du travail, s’ajoutent des risques importants pour la santé, causés par l’usage intensif de pesticides et d’engrais chimiques.

Iels luttent contre le sexisme au quotidien

On a d’ailleurs relevé plusieurs pépites bien sexistes et hétéronormées dans des newsletters et sur des sites internet. Allez jeter un œil au post sur @disbonjoursalepute (mettre le lien quand le poste sera en ligne).  

A cette occasion, on a voulu dresser une liste non exhaustive des comptes instagram qui luttent contre le sexisme ambivalent. C’est aussi un peu nos comptes préférés et on les remercie d’exister pour relever toutes les abominations qu’on peut trouver dans les médias, dans le milieu professionnel, à la maison et partout dans l’espace public.

@pepitesexiste – https://www.instagram.com/pepitesexiste/

Le compte représente une association qui sensibilise face aux stéréotypes diffusés par le marketing. On y trouve majoritairement des publicités, des packagings, marqués par du sexisme ordinaire la plupart du temps. 

@lebingosexiste – https://www.instagram.com/lebingosexiste/

Ici, le compte reprend des phrases sexistes qu’on peut entendre quotidiennement avec une banque d’image bien kitsch pour accentuer l’absurdité des propos. 

@feministe.vs.tinder – https://www.instagram.com/feministe.vs.tinder/

Parce que le sexisme est omniprésent sur les applications de rencontre, ici on y trouve des perles et des idées de réponses bien formulées ! 

@dans_la_bouche_dune_fillehttps://www.instagram.com/dans_la_bouche_dune_fille/

C’est un des plus anciens comptes qui dénonce le sexisme à l’aide de témoignages issus de toute la France ! 

> son livre est sorti en 2021 aux Editions Broché

@punchlinettes – https://www.instagram.com/punchlinettes/

Dans un Mood ultra coloré, Marion, créatrice des Punchlinettes nous propose diverses façons de répondre au sexisme ordinaire qu’on va subir quotidiennement ou entendre autour de nous. 

> son livre « Guide des reparties anti relous » est sorti en 2021 aux Editions Broché

@preparez_vous_pour _la_bagarre – https://www.instagram.com/preparez_vous_pour _la_bagarre/

Ce bleu turquoise, vous savez ce qu’il veut dire : Rose Lamy dénonce une nouvelle fois du sexisme dans les médias… et c’est pas beau à voir ! 

> son livre est sorti en 2021 aux Editions JC Lattès

Sinon, on vous conseille de jouer à @moicestmadame, un jeu de cartes pour s’entraîner à riposter face au sexisme ! 

N’hésitez pas à suivre notre page instagram @disbonjoursalepute pour découvrir les projets de l’association et libérer la parole des victimes !

Sources

« Saint-Valentin 2022 : ces pépites et idées cadeaux craquantes en mode fashion & love »

femmeactuelle.fr – 07/02/2022

St Valentin : la véritable histoire derrière « la fête des amoureux » – MarieClaire – 10 février 2022

Saint-Valentin : dans les coulisses pas très romantiques du business de la rose – Bastamag – 14 février 2014

Etude Kantar – Les fleurs les plus achetées à l’occasion de la Saint Valentin – 2018/2019

La saint Valentin, la fête des amoureux, quelle est sa véritable histoire? – tambactu.com

Newsletters : La Redoute, Aubade, Asos – février 2022

www.lemanegeabijoux.com

C’est quoi le féminisme washing ?

C’est quoi le féminisme washing ?

Depuis #MeToo, le féminisme est au cœur du débat public, politique et médiatique et de plus en plus d’entreprises affichent leur engagement pour l’égalité et la lutte contre les violences.

La popularité du féminisme en a aussi fait un argument de vente. Mieux, c’est un phénomène dont les marques se servent pour améliorer leur image et augmenter leurs revenus.

Cette récupération du combat féministe par les grand groupes, ça porte un nom : le « féminisme washing ».

Dans son livre « Féminisme Washing – Quand les entreprises récupèrent la cause des femmes », la journaliste Léa Lejeune analyse les pratiques de communication et de marketing dont se servent les entreprises pour afficher des valeurs féministes… qu’elles n’appliquent pas toujours en interne.

Quelques beaux exemples de féminisme washing :

  • Tote bags, objets déco, poupée Barbie… On ne compte plus les objets à l’effigie de Frida Kahlo. Il existe même une société, la Frida Kahlo Corporation, qui détient les droits à l’image de l’artiste. Un bel exemple de récupération d’une figure féministe par le capitalisme.
  • Le 8 mars 2018, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, McDonald’s a détourné son célèbre « M » en « W », pour « Women ». Problème : l’entreprise a été épinglée plusieurs fois pour des discriminations sexistes ou du harcèlement sexuel.

Dans son enquête, Léa Lejeune révèle aussi des écarts de salaire très importants entre les hommes et les femmes au sein de l’entreprise.

  • Pour une campagne de lutte contre les violences faites aux femmes, la marque de prêt-à-porter Camaïeu a représenté sur son site Internet des femmes maquillées avec de faux bleus. En plus d’être caricaturale (puisque de nombreuses violences sont invisibles, commes les violences psychologiques), cette campagne ne prend pas en compte la violence que peuvent représenter ces images pour les victimes.

Pour aller plus loin

 

 

Si le sujet du féminisme washing vous intéresse, voici deux ressources qui vous permettront de mieux le comprendre. Ces contenus analysent des exemples concrets de féminisme washing :

Le livre “Féminisme Washing Quand les entreprises récupèrent la cause des femmes” de Léa Lejeune, paru aux éditions Seuil est disponible en librairie et sur Internet !

DÉCRYPTAGE DES TERMES DE DATING 2.0

Décryptage des termes de dating 2.0

NEGGING

Le negging est à placer dans les tendances dangereuses et toxiques. Le principe repose sur de la manipulation émotionnelle.
Cela consiste à faire un compliment que l’on vient anéantir dans la suite de la phrase. Par exemple : « T’es belle, mais tu le serais encore plus si tu perdais un peu de poids ».

Le negging s’observe surtout au sein des relation hétérosexuelles, car c’est une technique de drague misogyne, généralement utilisée par les pickup artists, soit des hommes qui revendiquent la maîtrise de l’art d’amener une femme à coucher avec lui.

GHOSTING

Le ghosting (de l’anglais « ghost », soit « fantôme ») est une manière de rompre le contact sans aucune explication. Du jour au lendemain, la personne ne donne plus signe de vie.

Cette pratique très courante en amour existe depuis bien longtemps, mais semble s’être amplifiée avec les applications de rencontres qui proposent une profusion de partenaires possibles. D’après une étude américaine menée en 2018 sur 1300 participants(es) et publiée dans le « Journal of Social and Personnal Relationships », 25% ont déjà ghosté quelqu’un et 20% l’ont déjà été.

gaslighting

Le gaslighting consiste à manipuler une personne dans le but de la faire douter de sa mémoire, de son jugement, de ses émotions, voire de sa santé mentale.

Le gaslighter utilise diverses stratégies dans le but de semer la confusion dans l’esprit de sa victime.

Alors que les victimes n’ont pas de profil clair, les gaslighters sont avant tout des manipulateurs aguerris.

CUSHIONING

Ce que le cushioning est (à peu près) : De l’anglais cushion, amortir, protéger.

Le cushioning, c’est fréquenter un site ou une appli de rencontre alors que l’on est casé·e. Lorsque le couple se dégrade, certaines personnes essaient de trouver une porte de sortie en envisageant une relation avec quelqu’un d’autre. En gros, elles cherchent un plan B.

Prowling

« On me voit, on me voit plus » .

Apparition-disparition, c’est le sport préféré du prowler. En anglais, ça veut dire rôdeur. Son modus operandi : il disparaît alors que tout semble être au beau fixe, ne donne pas de nouvelles puis réapparaît sans crier gare quand on ne l’attend plus. Jamais vraiment parti et toujours à moitié là.

C’est du ghosting par intermittence, donc.

Dans le monde du dating 2.0, c’est clairement le genre de personne à éviter.

Breadcrumbing

C’est le fait de semer les miettes d’une possible romance avec une autre personne tout en sachant que rien ne va se produire. La personne qui met en place cette manigance le fait souvent en utilisant les réseaux sociaux et la messagerie en ligne.

Le seul motif du breadcrumber est d’avoir l’attention de sa victime et de se sentir désiré.

Si vous vous reconnaissez dans cette définition: ARRÊTEZ! C’est encore pire que ghoster.

CATFISH

Le terme anglais fait référence à une personne qui utilise une fausse identité ou se crée un faux profil afin de séduire quelqu’un en ligne.

Sources 

« Attention au « negging », cette technique de drague toxique qui repose sur de la manipulation »
Femina – 07/02/2022

« Que faire face au ghosting ? »
Elle – 02/04/2021

« Le gaskighting: quand le doute règne »
clindoeil.ca – 18/12/2021

« L’étrange vocabulaire du dating »
Adopteunmec.com

« Orbiting, Pocketing, Cookie jarring… comment parler dating en 2019 »
ldn.eu – 22/02/2019

« Petit lexique (non exhaustif) du dating en ligne »
lesoleil.com – 19/02/2021

« Être un homme, quoi qu’il en coûte ? » – discussion avec Lucile Peytavin

Être un homme, quoi qu’il en coûte ?

Lucile Peytavin est historienne et autrice. Dans son premier essai, « Le coût de la virilité », elle calcule ce que coûtent les comportements virils des hommes à la société. On a échangé avec elle.

Pourquoi est-ce que tu as décidé de travailler sur la virilité ?

Les femmes se battent beaucoup et depuis longtemps pour avoir les mêmes droits et la même place que les hommes dans la société. Je me suis rendue compte que, du côté des hommes, il y a beaucoup de blocages vis-à-vis de ces combats. Souvent, le féminisme est un concept qu’ils rejettent parce qu’ils se sentent visés. Donc j’ai cherché à savoir d’où venaient ces blocages, et le thème de la virilité s’est imposé.

Cette idée de devoir être le plus fort et qu’il faut dominer son environnement et les personnes autour de soi, elle découle des valeurs viriles qu’on inculque aux garçons dès leur plus jeune âge. Aujourd’hui encore, ces valeurs définissent ce qu’est « être un homme » dans notre société. C’est pour ça que je suis persuadée qu’en déconstruisant la virilité, on déconstruit aussi les comportements de domination, agressifs et sexistes des hommes.

Dans ton livre, tu calcules ce que coûtent, chaque année, les comportements virils à la société. Comment est-ce que tu t’y es prise ?

Je suis allée fouiller dans les statistiques et les données officielles, et ce que j’ai constaté, c’est que l’immense majorité des responsables de délinquance, de criminalité et de comportements à risques sont des hommes.

Selon les chiffres des ministères de la Justice et de l’Intérieur, les hommes représentent aujourd’hui 80 % des personnes mises en cause par la justice et 90 % des personnes condamnées par la justice. La population carcérale française est quant à elle à 96 % masculine.

Par ailleurs, les hommes sont surreprésentés dans tous les types d’infractions, notamment les plus graves : ils sont 99 % des auteur.e.s de viols, 84 % des  auteur.e.s d’accidents mortels de la route, 86 % des  auteur.e.s d’homicides et 97 % des  auteur.e.s d’agressions sexuelles.

Tous ces comportements ont des conséquences et des répercussions financières. Il y a les frais de justice et de services de santé, mais aussi le coût humain : souffrances physiques et psychologiques, perte de productivité, destructions de biens… À partir des taux de responsabilité des hommes et des taux de responsabilité des femmes, j’ai additionné tous ces coûts et j’ai calculé ce que j’ai appelé « le coût de la virilité ». Ce coût de la virilité, c’est un surcoût qui correspond à ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme des femmes. Il s’élève à 95,2 milliards d’euros par an. C’est colossal, puisque c’est à peu près équivalent au déficit annuel du budget général de la France.

Face à ce constat, tu affirmes qu’il faut déconstruire l’éducation genrée que reçoivent les enfants afin de gommer les différences que notre société fait aujourd’hui entre hommes et femmes. 

Oui. Il faut déconstruire la notion de virilité. Il faut une éducation égalitaire, qui éradique cette notion du plus fort, cette violence qu’on trouve dans l’éducation des garçons. 

Les hommes ne sont pas violents, agressifs et dominants par nature. La science, que ce soit la neurobiologie ou même la paléo-histoire, montre qu’il n’y a rien de physiologique ou de biologique : c’est une construction culturelle. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut donc la déconstruire. 

Si on regarde du côté des sciences de l’éducation, on s’aperçoit que de nombreux mécanismes, conscients ou inconscients, participent à une acculturation des garçons à la virilité dès les premiers jours de leur vie. On a des contacts beaucoup plus toniques avec les garçons qu’avec les filles, donc on valorise leur force physique. On est aussi beaucoup plus permissifs avec les garçons, dans le sens où on sanctionne beaucoup moins leurs comportements perturbants. Tous ces mécanismes sont très bien identifiés par la sociologie et créent un terrain favorable à la violence.

En parallèle, on éduque les garçons au fait que le féminin est méprisable. Par exemple, lorsqu’ils sont petits, si on les compare aux filles, c’est pour leur dire qu’ils courent « comme des filles » ou pleurent « comme des filles ». Ce qu’ils apprennent, c’est que les filles, le féminin et les femmes ont moins de valeur. C’est ce qui crée du mépris et des comportements sexistes.

Cette éducation joue aussi un rôle dans le harcèlement que subissent les femmes, car ces dernières sont bien souvent considérées comme des objets sexuels, alors que la sexualité des hommes est extrêmement valorisée. Ça pose des problèmes en termes de harcèlement et de non-respect du consentement. C’est aussi lié à la notion de virilité.

Quel message veux-tu faire passer à travers cet essai ?

Ce que je veux, c’est qu’à travers l’argument financier – qui est un argument nouveau parce que c’est un travail qui n’avait jamais été fait auparavant – on prenne conscience des conséquences extrêmement néfastes, pour toutes et tous, des comportements des hommes qui découlent de cette notion de virilité.

J’espère qu’avec ce nouvel outil, on va ouvrir les yeux sur ces comportements systémiques et faire un gros travail sur l’éducation et les valeurs qu’on transmet aux garçons. 

Entretien d’embauche et discrimination

Quelles questions n’ont pas lieu d’être lors d’un entretien ? Pourquoi ces questions sont-elles tout de même posées ? Que prévoit la loi à ce sujet ? Comment réagir ? C’est ce que nous allons voir ci-dessous.

Entretien d'embauche et discrimination

À la recherche d’un poste, tu as décroché un entretien d’embauche. Tu y vas confiant.e en espérant décrocher le job. Tout se passe bien, jusqu’à ce que le.la recruteur.se te pose une question d’ordre privé, complètement inappropriée. Quelles questions n’ont pas lieu d’être lors d’un entretien ? Pourquoi ces questions sont-elles tout de même posées ? Que prévoit la loi à ce sujet ? Comment réagir ? C’est ce que nous allons voir ci-dessous.

Quelles sont les questions que le recruteur n’est pas en droit de te poser ?

Le.la recruteu.se est uniquement en son droit lorsqu’iel te pose des questions en rapport avec le poste à pourvoir : tes compétences ainsi que tes connaissances. Les questions sur ton sexe, ton identité de genre, ton orientation sexuelle, ta situation familiale sont totalement interdites car cela pourrait influencer sur sa prise de décision finale reposant sur des aspects non liés au poste. Ce qui en revient à de la discrimination. 

Tu trouveras tous les points que le.la recruteur.se n’a pas le droit d’invoquer lors d’un entretien dans l’article L.1132-1 du Code du Travail.

Salarié, tout candidat à un emploi, un stage ou une période de formation en entreprise est protégé par la loi contre les discriminations à l’embauche et au travail. Le Code du Travail (art. L.1132-1) interdit toute distinction entre salariés fondée notamment sur :

 Le Code du Travail (art. L.1132-1) interdit toute distinction entre salariés fondée notamment sur :

  • l’origine ;
  • le sexe ;
  • les mœurs ;
  • l’orientation sexuelle ;
  • l’identité de genre;
  • l’âge ;
  • la situation de famille ;
  • l’état de grossesse ;
  • les caractéristiques génétiques ;
  • l’appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race ;
  • les opinions politiques ;
  • les activités syndicales ou mutualistes ;
  • les convictions religieuses ;
  • l’apparence physique ;
  • le nom de famille ;
  • le lieu de résidence ;
  • l’état de santé ;
  • le handicap;
  • la particulière vulnérabilité résultant de sa situation économique, apparente ou connue de son auteur.
  • la perte d’autonomie
  • la capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français
  • la domiciliation bancaire

Dès lors, aucun de ces motifs ne peut être retenu pour écarter une personne d’une procédure de recrutement (ou de l’accès à un stage ou à une formation) mais également pour sanctionner, licencier ou décider d’une mesure discriminatoire contre un salarié.

Pourquoi ces questions sont-elles posées ?

Dans beaucoup de cas le.la recruteur.se ne fait pas cela dans le but de discriminer. Un entretien d’embauche est avant tout un échange. Outre tes compétences, c’est aussi un moyen d’en apprendre davantage sur toi, sur ce qui t’anime, qui tu es. Ce qui peut très vite générer une question maladroite. On pourrait comparer cela à une conversation lors d’une banale rencontre « tu as des enfants ? » « bel accent, tu es de quelle origine ? ». Cela arrive surtout lorsque le.la recruteur.se n’a pas préparé son entretien. 

Malheureusement, d’autres recruteurs.ses se permettent de poser ces questions sous couvert de la bienveillance afin de savoir dans quelle catégorie mettre le.la candidat.e.

La question sur l’origine peut être une façon pour le.la recruteur.se de t’écarter du processus de recrutement en fonction de stéréotypes encore malheureusement trop ancrées dans notre société. Par exemple « les noirs sont lents » « les arabes sont des voleurs/arnaqueurs », ce qui est bien évidemment totalement absurde.

Une autre question est régulièrement posée : êtes vous célibataire ? Cette question est souvent posée dans le but de savoir si tu es flexible ou non. D’après certains recruteurs.ses le fait d’être célibataire renvoie l’image d’une personne plus disponible pour faire des heures supplémentaires ou effectuer  éventuellement des  déplacements. Comme si être célibataire te rendait totalement disponible pour le travail et que tu n’as donc aucun impératif dans ta vie perso.

Et le meilleur pour la fin (ou surtout le pire), une question encore TROP souvent posée aux femmes : avez-vous des enfants ou prévoyez-vous d’en avoir ? Derrière cette question se cache souvent une peur des absences répétées, des arrêts maladie pour garder l’enfant malade, du congé maternité/parental d’éducation. La femme est encore à ce jour considérée comme l’unique parent s’occupant des enfants dans le foyer, il/elle en déduira donc que ce soit elle qui s’absentera en cas de problème/maladie de son enfant.

Que faire en cas de discrimination à l’embauche ?

Être confronté.e lors d’un entretien d’embauche à des questions discriminantes peut être déstabilisant.

La décision à prendre dans ce cas là appartient à toi seul.e. Elle dépend bien entendu de tes envies et aspirations, mais aussi de ta situation personnelle et des tes éventuelles contraintes.

C’est pourquoi nous trouvons inutile de te donner des solutions toutes faites. À la place, il nous a semblé plus sage de te concocter une petite liste de questions à te poser à toi-même. 

  1. Ai-je un besoin urgent de trouver du travail ?
  2. Que va m’apporter le poste ou l’entreprise ?
  3. La question posée a-t-elle un rapport avec ma situation actuelle ?
  4. Ai-je envie d’entamer un dialogue sur le sujet avec le recruteur…
  5. où plutôt des démarches juridiques ?

N’hésites pas à poser tes réponses par écrit, à faire des listes en tous genres. Si cela t’es possible, en discuter avec une personne en qui tu as confiance est utile. Cela aide à faire le tri et peut permettre d’entrevoir d’autres solutions ou même de voir les choses d’une autre façon.

On espère que ces quelques questions te permettront de décider comment réagir face à ta situation de discrimination à l’embauche. Une dernière suggestion avant de partir : pourquoi ne pas te poser les deux premières questions avant ton entretien d’embauche ?

Alice Grenon et Emmanuelle K.
Alice Grenon et Emmanuelle K.

Alice écrit depuis toujours et travaille dans la rédaction de contenus depuis 2013. Pour DBSP, elle conseille l'équipe de rédaction - et écrit, parfois -.